lundi 14 novembre 2011

petite histoire de Can Masdeu...

Octobre 2011

Déjà avant de partir, j'avais entendu parler de Can Masdeu... Squat, lieu de vie communautaire, centre social, jardins biologiques... en banlieue de Barcelone...
Attirant ! Il a fallu que j'aille voir de plus près...
Pour se rendre à Can Masdeu, on peut prendre le métro, puis il faut emprunter une route qui monte un peu jusqu'à arriver à un chemin de sable où un panneau indique: Can Masdeu. Une fois dans le chemin, on a déjà oublié que l'on se trouve en banlieue de Barcelone... La montagne, la forêt... Après quelques minutes de marche, on commence à apercevoir un bâtiment au milieu de ce parc naturel préservé (pour le moment). On se retrouve bientôt face à une grande maison, une ancienne léproserie, surplombant des potagers et affichant le symbole des squats en haut du toit... c'est bien là!


On découvre donc de jolis potagers où l’on ressent l’investissement des gens… puis il y a le bâtiment, immense, avec ces nombreux escaliers, on peut vite s’y perdre si l’on ne connait pas les lieux… Et enfin, la grande pièce occupée par le centre social, bien aménagée avec tables, canapés, bibliothèque où l’on peut aussi trouver des informations sur différents endroits de ce type à découvrir également, une base de donnée des villages abandonnés en Espagne, etc. Il y a même un magasin gratuit dans un coin de la pièce.


Il est possible de venir passer quelques semaines pour prendre part au projet mais les places sont chères! Can Masdeu est aussi ouvert à tous chaque dimanche: des ateliers sont organisés sur différentes thématiques et une visite du lieu est proposée.
On peut aussi venir aider au jardin le jeudi matin et partager ensuite le repas.
C'est donc comme ça que je me suis retrouvée un jeudi matin à éclaircir des rangs de carottes en compagnie des habitants du squat ainsi que quelques volontaires...
(...et que j'ai retrouvé par hasard Marguerita, italienne rencontrée il y a quelques années à Lille - Tibo, je n'ai pas eu besoin que tu me donnes son contact!)
J'ai pu donc découvrir un peu le projet et faire connaissance avec des personnes très sympas!
J'y suis retournée une seconde fois, un dimanche pour profiter de la visite des lieux et comme il n'y avait que moi - chose qui n'arrive jamais habituellement - j'ai eu la chance de pouvoir passer un long moment à discuter avec P. qui m’a expliqué l’histoire du lieu, son évolution, les difficultés rencontrées, ce que signifie la vie en communauté : sacrée expérience avec ses hauts et ses bas…
Voilà maintenant plus de 10 ans que le squat existe. Le lieu a été découvert en 2001 par un groupe d’activistes européens. Il était alors à l’abandon depuis plus de 50 ans –a priori en toute connaissance de cause puisqu’il s’agit d’un bâtiment historique, propriété des pouvoirs publiques – D’après ce que j’ai compris, ils ont le devoir de l’entretenir mais disons que ça aurait arrangé tout le monde de pouvoir détruire le bâtiment pour bâtir à la place.
A l’époque les militants décident donc d’occuper le lieu et de le rénover. 6 mois après le début de l’occupation, les forces de l’ordre interviennent pour évacuer les lieux. Les policiers se retrouvent alors face à une résistance non violente importante à laquelle ils ne sont pas préparés.
Je découvre les photos de la « lutte » : activistes hissés sur des trépieds, installés sur de longues planches de bois qui dépassent des fenêtres…


La résistance fait parler d’elle et la solidarité se met en place : voisins, autres okupas… viennent prêter main forte face au siège des policiers qui finiront par quitter les lieux suite à 1 décision de justice.
A noter: si le procès a été remporté par les propriétaires des lieux, aucun avis d’expulsion n’a été émis…
Un des aspects particulièrement intéressant du lieu : les liens forts construits au fur et à mesure avec les locaux. Les voisins, pour la plupart immigrés du Sud du pays se sont vite impliqués dans le projet des potagers. De nombreuses personnes viennent aussi participer aux activités du centre social.

P. insiste aussi sur ce que représente la vie en communauté, les difficultés parfois rencontrés, l’évolution du fonctionnement de Can Masdeu…
Il m’explique que les 2 premières années, le squat était très très actif, avec beaucoup d’énergie, de passage, des gens qui vont et viennent… A l’époque il y avait des difficultés pour organiser le groupe mais ça fonctionnait bien comme ça… mais les gens, les énergies, les besoins évoluent…
Au cours des 10 ans, il y a eu des phases + ou – difficiles. Il faut alors pouvoir s’adapter, évoluer et réussir à maintenir cet équilibre fragile entre respect des besoins individuels et collectifs.
Contrairement à la plupart des squats et communautés, le turn over de Can Masdeu est plutôt faible, la majorité des personnes vivant là le sont depuis quelques années.
A Can Masdeu, un ensemble de règles de vie a été établi et actuellement chacun doit consacrer deux jours par semaine à la communauté. Aujourd’hui un peu plus de 20 personnes habitent sur place (incluant les volontaires).
Ici les habitants se réunissent en assemblée, toutes les 2 semaines. Il y a un ou deux référents pour les différents aspects du projet (jardin, volontaires, centre social, activités, relations entre les personnes, etc)

Il y a aussi une réunion de 3 jours organisée 1 fois par an, l’occasion pour eux de vraiment se retrouver, « ressouder » le groupe et évoquer certains points qui demandent plus de temps et ne peuvent pas forcément être abordés lors des réunions bi-mensuelles.

Can Masdeu reste pour moi une belle découverte et un exemple intéressant de projet qui semble fonctionner plutôt très bien!
Bref, n'hésitez pas à aller découvrir ce lieu si ça vous intéresse!



site web: http://www.canmasdeu.net/ (quelques articles en anglais - principalement espagnol et catalan)


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